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CZECH ME OUT !
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22 avril 2007

JAN HUS et LES GUERRES HUSSITES

Au commencement du XVe siecle, le Royaume de Bohême doit faire face à de nombreux défis, économiques d’abord, et sociaux ensuite, lesquels ne vont pas tarder à exploser en guerre ouverte à cause du facteur religieux.

Le Concile de Constance

Kaiser_SigismundA cette époque

le monde Chrétien

est déchiré par le Grand Schisme. Il s’agit de la crise pontificale qui toucha le catholicisme de 1378 à 1418 lorsque Rome et Avignon se disputent la succession pontificale avec des papes différents. Pour mettre fin à cette situation, Sigismond de Luxembourg, (cf peinture) fils de Charles IV et Empereur du Saint-Empire Romain Germanique (de 1410 à 1437) convoque en 1414 le Concile de Constance. Le Concile a pour but de résoudre le problème pontificial, mais se propose aussi de régler un problème plus urgent : celui de Jan Hus.

Jan Hus (1370-1415)

Jan Hus étudie l’Université Charles de Prague. Professeur, prêtre, il devient en 1402 recteur de l’Université, laquelle est divisée entre la faction Tchèque et la faction Allemande. Influencé par les écrits de l’Anglais John Wyclif, il critique les fautes du catholicisme, un sujet particulièrement populaire à une époque où les moins et abbés amassent des fortunes au dépens non seulement des populations, mais aussi des enseignements du Christ. Ses appels à une réforme de l’Eglise et sa défense des écrits de Wyclif, dont les livres sont brûlés et interdits, lui valent l’excommunication. Chassé de Prague, il prêche dans les campagnes de Bohême où ses doctrines gagnent en popularité.

HUSBUCHIl accueille le Concile de Constance avec l’espoir de voir ses thèses confirmées et soutenues. Il s’y rend avec un sauf-conduit de l’Empereur en personne. Les débats finissent par se transformer en procès. Incapables de contrer son éloquence, les Inquisiteurs finissent par le jeter en prison pour avoir nié l’autorité de l’Eglise. Interrogé, torturé, il ne se renie pas et finira par être condamné comme hérétique au bûcher. Cela se passait le 6 Juillet 1415. Les bourreaux prennent soin (comme pour Jeanne d’Arc) de collecter ses cendres et d’aller les jeter dans les eaux du Rhin afin qu’il ne reste rien de lui avec quoi faire une relique hérétique. Mais aujourdhui Jan Hus est bien plus qu´un martyr, c´est un héros national ! Il a une statue gigantesque qui trone au centre de Prague, le jour de sa mort est fete nationale en République Tchèque et la devise du pays n´est rien moins que les derniers mots qu´il aurait prononcé sur le bucher :

La Vérité

Vaincra

(Pravda vítězí).

La Révolution Hussite

Dès que la nouvelle de la mort de Jan Hus arrive à Prague, les nobles de Bohême favorables aux idées du réformateur (et désormais martyr) envoient à Constance une  protestation condamnant l’exécution de Jan Hus. En réponse, l’Empereur Sigismond a la mauvaise idée de déclarer qu’il noierait tous les partisans de Jan Hus. Les troubles éclatent aussitôt et les Hussites se préparent à la guerre. Mais il faut attendre le 30 Juillet 1419 pour que la situation bascule : ce jour là, une procession hussite défenestre les conseillers impériaux. Cet événement provoque la mort par infarctus de Wenceslas Ier, roi de Bohême qui tolérait, voir soutenait les Hussites, à la différence de son demi-frère Sigismond qui va avoir les pires difficultés à conquérir le Royaume.

La Première Croisade

Anti-Hussite

JanZizkaPour reprendre la succession du Royaume de Bohême, Sigismond obtient l’aide du pape Martin V (choisit par le Concile de Constance que l’Empereur avait lui-même convoqué ! CQFD) qui promulgue le 14 mars 1420 une croisade pour l’extermination des hérétiques Hussites. Des pillards de toute l’Europe et des Princes Allemands se réunissent pour donner l’assaut à Prague, qui est assiégé le 30 Juin 1420. Mais Jan Zizka (photo) détruit l’armée croisée à la bataille de Vitkov, ce qui suffit à anéantir la croisade, et entre en libérateur dans Prague. Presque toute

la Bohême

est entre les mains des rebelles, lesquels doivent faire face déjà à de sévères divisions internes.

Ultraquistes et Taborites

Les Ultraquistes et les Taborites sont les deux principales ailes du mouvement Hussite. Les premiers peuvent être vus comme les modérés. Ils reconnaissent encore la communion des deux espèces. Ils prennent comme symbole le Calice. Les Taborites, au contraire, refusent de reconnaître la moindre autorité religieuse terrestre et ne veulent vivre que par rapport aux lois de

la Bible.

Jan Zizka est le commandant emblématique des Taborites. Après la mort de Wenceslas, Prague est déchirée par les troubles. Après un cessez-le-feu, il désapprouve le compromis trouvé par les nobles, et quitte Prague avec ses hommes. Il gagne le sud de

la Bohême

, où il s’installe près d’Usti, dans un lieu particulièrement propice à la création d’une véritable forteresse, nommée Tabor en référence au Mont Tabor biblique. Une discipline quasi-militaire et une organisation proto-communiste y sont institués.
Les deux factions n’hésitent pas à se combattre, et à ce petit jeu c’est Zizka qui a toujours le dessus. Il parvient même à envahir et à s’assurer le contrôle de

la Moravie

, pourtant catholique.

Les Croisades se suivent… et se ressemblent

En Août 1421, une armée allemande passe à l’attaque, mais, le siège de la ville de Zatec est un échec et il suffit de l’annonce de l’arrivée de l’armée hussite pour les disperser. A la fin de l’année, Sigismong lui-même attaque et s’empare de Kutna Hora mais le 6 janvier 1422, il est défait une fois de plus par Jan Zizka à la bataille de Nemecky Brod. La croisade suivante est un échec au moins égal : en dépit de la mort de Zizka, les troupes hussites écrasent les Allemands à Usti nad Lebem, puis à Tachov en 1427, ce qui ouvre aux troupes hussites les routes de l’Allemagne. A la mort de Jan Zizka, c´est Prokop Holy qui prend la releve du plus grand chef militaire Tcheque, maitre de guerre qui ne fut jamais défait au combat, avec un succés égal : en 1431, une nouvelle armée est mise en déroute a l´approche des Orphelins, comme se font appeller desormais les soldats Taborites, orphelins de leur chef adoré.

La Paix

Les Princes Allemands et l’Eglise, inquiets de voir la contagion Hussite s´étendre, acceptent de négocier. A défaut de pouvoir écraser l’hérésie, ils veulent la contenir et pour cela, ils montent les Ultraquistes modérés contre les Taborites, beaucoup plus extremes pour ne pas dire revolutionnaires, en leur promettant qu´ils pourront garder les domaines religieux confisqués. Le 30 Mai 1434, a Lipan, la derniere bataille signification des Guerres Hussites se déroule entre nobles et Taborites : ces derniers sont écrasés.

Le 15 juillet 1436 les Compactats sont signés entre Eglise et nobles modérés. La même année, Sigismond ratifie les accords, ce qui était sa seule et dernière chance de se voir reconnaître Roi de Bohême puisqu’il meurt en 1437 ! Les Compactats valident la confiscation, lors des soulèvements hussites, des biens de l'Église, confiscations qui ont profité à la noblesse tchèque et aux villes.

21 ans après la mort de Jan Hus sur le bûcher,

le Royaume de Bohême

retrouve un semblant de paix. Pendant 21 ans, un petit pays a réussi à tenir tête à une succession ininterrompue d’invasions, à les repousser, pour gagner sa liberté de conscience. C’est une victoire religieuse, les Hussites ouvrent la voie à

la Réforme

qui va éclater dans moins d’un siècle, mais une défaite politique :

la Couronne

de Bohême reste dans le giron du Saint-Empire Romain Germanique, traditionellement catholique, qui n’oubliera pas l’humiliation lors de

la Guerre

de Trente Ans.

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  • De Janvier 2007 à Janvier 2008, j'effectue un Service Volontaire Européen. Ma destination : la République Tchèque. Voici le récit de mon voyage, de mon séjour, et de mon travail dans ce pays !
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